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Taïwan vit sous la menace d'une armée chinoise modernisée et renforcée

La menace militaire chinoise était négligeable lors de la dernière visite du leader des députés américains à Taipei en 1997. Depuis, Pékin s'est dotée de la plus grande flotte navale du monde et d'avions militaires modernes. Les capacités amphibies nécessaires à une invasion sont particulièrement scrutées.

Les moyens de l'Armée populaire de libération chinoise ont été considérablement renforcés sous Xi Jinping.
Les moyens de l'Armée populaire de libération chinoise ont été considérablement renforcés sous Xi Jinping. (Pavel Golovkin/POOL/AFP)

Par Solveig Godeluck

Publié le 3 août 2022 à 18:05Mis à jour le 3 août 2022 à 18:15

Nancy Pelosi a quitté Taïwan mercredi, mais la réplique militaire de Pékin ne fait que commencer. Les autorités chinoises ont fait savoir qu'à la suite de cette visite de la cheffe de file démocrate à la Chambre des représentants, vécue comme une atteinte à leur souveraineté , elles mèneraient une série de manoeuvres militaires à proximité de l'île à partir de jeudi.

Cette démonstration de force devrait inclure des tirs à munitions réelles de longue portée dans le détroit de Taïwan, qui sépare l'île de la Chine continentale. Les opérations pourraient se rapprocher jusqu'à 20 kilomètres des côtes, d'après les coordonnées publiées par l'armée chinoise.

De quoi impressionner les riverains qui vivent sous la menace d'une invasion chinoise depuis des années. Cette dernière paraît de moins en moins hypothétique, tant l'Armée populaire de libération est montée en gamme. Entre la visite à Taïwan de l'ex-cheffe de file des députés américains Newt Gingrinch en 1997 et celle de Nancy Pelosi aujourd'hui, elle s'est considérablement modernisée et renforcée.

Une modernisation à marche forcée

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« L'équilibre des forces en présence est complètement différent », assure Oriana Skylar Mastro, chercheuse à l'Institut d'études internationales Freeman Spogli de Stanford. « La flotte chinoise était très en retard, seule une infime proportion de son équipement était moderne, il n'y avait pas de systèmes de défense embarqués. Alors qu'aujourd'hui, la majorité des bateaux chinois sont aussi avancés que ceux des Etats-Unis. Et leurs avions de chasse peuvent désormais voler de nuit et dans des conditions météo difficiles, ce qui n'était pas le cas auparavant. »

L'armée chinoise a « de nombreuses possibilités » pour mener une guerre conventionnelle et elle peut se projeter très loin dans sa région, ajoute-t-elle. C'est le résultat d'une modernisation à marche forcée, qui s'est encore accélérée ces deux dernières années malgré l'épidémie de Covid.

Le rapport 2021 du Pentagone sur l'état des forces chinoises signale que la flotte navale chinoise est la première au monde en nombre de vaisseaux - 355 bateaux et sous-marins. Depuis 2019, la Chine a commencé à construire ses propres porte-avions et s'est équipée de deux navires d'assaut amphibies fabriqués sur place. Un troisième est en chantier. Sans ces bateaux de transport de troupes, il est difficile de planifier une invasion. Quant à la flotte aérienne, c'est la plus puissante de la région indo-pacifique. Elle « rattrape rapidement son retard sur les forces aériennes occidentales », souligne le Pentagone.

La complexité d'une opération amphibie à large échelle

Pourtant, à l'instar de nombreux observateurs, Oriana Skylar Mastro ne croit pas à une invasion imminente même si la Chine en a tout à fait les moyens selon elle : « Xi Jinping n'est plus satisfait d'une situation où on se contente d'éviter la guerre, c'est la grosse différence avec 1997. Mais il ne prendra pas le risque d'une guerre majeure maintenant », alors que l'armée américaine veille, prête à réagir.

« Une tentative d'envahir Taïwan mettrait probablement sous forte tension les forces armées chinoises et provoquerait une intervention internationale », souligne le rapport du Pentagone, qui doute de la faisabilité d'une opération amphibie à large échelle, très complexe - mais réalisable selon Oriana Skylar Mastro.

Elle comporterait « un risque politique et militaire significatif pour Xi Jinping », selon le Pentagone, qui estime toutefois que la Chine pourrait envahir de petites îles occupées par Taïwan, comme Pratas, Itu Aba, voire des îles moyennes comme Matsu ou Jinmen.

Solveig Godeluck

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